Le trafic d’influence n’a rien d’un scénario de film noir. Il se glisse dans de petits gestes du quotidien : une invitation un peu trop généreuse, un « coup de pouce » pour un recrutement, un message envoyé depuis une adresse perso pour « débloquer » un dossier. Dans des organisations hybrides où Teams et Slack rythment les échanges, la frontière entre courtoisie et incitation peut vite se brouiller. Former vos équipes, c’est protéger l’éthique des affaires, éviter les dérapages réputationnels, réduire les risques pénaux… et simplifier la vie de tout le monde..
Juridiquement, il s’agit d’offrir, de promettre ou d’accepter un avantage — matériel ou immatériel — afin qu’une personne use de son influence pour orienter une décision. On distingue le trafic d’influence actif (celui qui tente d’acheter) et le passif (celui qui se laisse acheter). Dans les faits, trois rôles s’entrecroisent souvent : le bénéficiaire de l’avantage, un intermédiaire, et le décideur visé.Les conséquences peuvent être lourdes : amendes, peines de prison, nullité de contrats, exclusion d’appels d’offres et image écornée. Mieux vaut un non poli qu’un scandale inutile.
Une formation en ligne efficace ne récite pas la loi. Elle travaille des réflexes. Elle fait écho au quotidien. Elle donne des mots, des garde-fous et des scripts pour agir sans trembler. On vous liste juste ci dessous les 4 pilliers pour former efficacement au traffic d'influence :
Inutile d’ânonner le code : restons lisibles. En France, la loi Sapin II encadre ces pratiques ; à l’international, le UK Bribery Act et le FCPA américain peuvent s’appliquer au-delà des frontières selon la devise utilisée, la nationalité des acteurs ou l’implantation des entités. Une même situation peut relever de plusieurs lois. Reliez toujours ces exigences à votre Code de conduite et à vos procédures de conformité : personne n’est « hors champ ».
Certaines situations doivent faire lever le sourcil : une invitation luxueuse à la veille d’un appel d’offres, une commission atypique, des échanges qui basculent sur des adresses personnelles, des promesses « off » ou des cadeaux répétés qui dépassent les usages professionnels. Pris isolément, chaque fait peut paraître anodin ; mis bout à bout, ils constituent un risque réel.
En cas de doute, appuyez-vous sur les règles internes, escaladez au manager / à la conformité / au juridique, et suspendez toute décision tant que le flou persiste. Deux formulations utiles :
– « Merci pour l’invitation. Notre politique cadeaux est stricte : je règle ma part. On se recontacte très vite. »
– « Cette facilitation sort de nos règles. Je préfère faire valider par la conformité avant d’avancer. »
La conformité n’est pas l’ennemie du chiffre. En renforçant la traçabilité, en gérant les conflits d’intérêts, en ouvrant des canaux d’alerte clairs (avec retour aux personnes qui signalent), vous sécurisez les deals, vous rassurez les clients et vous protégez la marque. Des règles lisibles évitent les zones grises et facilitent les décisions au quotidien.
Un des premiers faux pas est de croire qu’il suffit de « cocher la case ». Cocher n’est pas protéger. sans mises en situation réalistes — zones grises, pression de temps, conséquences visibles : la vigilance reste théorique. il faut donc corriger ce réflexe et ancrer des entraînements pratiques qui parlent au quotidien des équipes.
Vient ensuite un autre biais : réduire le risque au seul financier. Or, l’influence se niche aussi dans des avantages immatériels : une recommandation d’embauche, l’accélération discrète d’un dossier, le partage d’une information sensible. Limiter sa vigilance à l’argent, c’est fermer les yeux sur une partie du problème. Les risques sont multiples donc gardez en tête qu'un regard critique et ouvert sur toutes les dimensions vous sera bénéfique au long terme.
Autre écueil récurrent : le flou autour des cadeaux et invitations. Quand rien n’est précisé, les dérapages deviennent prévisibles. Il est indispensable d’instaurer un cadre clair : fixer des seuils, définir ce qui s’accepte, ce qui se déclare, ce qui se refuse et donc tenir un registre simple. Privilégiez un « non poli » plutôt qu’un malaise durable car il vaut mieux vaut être transparent dès le départ pour éviter les déconvenues et protéger la réputation collective.
Nous arrivons enfin au dernier biais : la loi du silence. Un canal d’alerte méconnu ou ignoré ne sert à rien. Il faut ouvrir les voies de signalement, garantir la confidentialité, protéger celles et ceux qui s’expriment et surtout donner un retour sur les suites données. une remarque faite au bon moment peut éviter des mois de crise.
Pour vous aider à prendre en compte tous ces écueils gardez à l'esprit cette bonne pratique qui relie tout : faire de la conformité une alliée du business. Traçabilité, gestion des conflits d’intérêts, scripts de refus élégants, culture du feedback… autant de garde-fous qui simplifient les décisions, sécurisent les partenariats et renforcent la solidité de la marque.
Former au trafic d’influence, c’est donc installer un réflexe collectif : identifier les situations à risque, escalader sans tarder, renoncer quand il le faut. Quand le droit rencontre le terrain, les décisions deviennent plus simples et le business plus solide. Règle d’or : en cas de doute, levez la main, documentez, dites non… puis continuez à travailler sereinement.


