« Vous, les jeunes, vous ne voulez jamais travailler ! »… « Et vous, les vieux, vous êtes dépassés par la technologie ! »… Les clichés liés à l’âge sont encore bien présents dans nos environnements professionnels. Dans certaines entreprises, jusqu’à cinq générations peuvent cohabiter, avec leur lot d’idées reçues, de tensions et parfois de discriminations. L’âgisme – ou discrimination fondée sur l’âge – peut freiner la coopération et détériorer l’ambiance de travail. Pourtant, bien gérée, la diversité générationnelle est une richesse.
L’âgisme désigne toute attitude, parole ou comportement qui attribue des caractéristiques négatives à une personne en raison de son âge. Cela peut concerner les seniors supposés « dépassés » ou les jeunes perçus comme « paresseux ». Ces stéréotypes, souvent intériorisés, freinent la collaboration et créent des divisions inutiles.
Les études montrent que la perception d’une discrimination liée à l’âge diminue la motivation, l’estime de soi et l’engagement au travail. Elle peut même réduire l’accès à la formation, particulièrement pour les collaborateurs plus âgés.
Malgré les risques, la cohabitation de plusieurs générations offre de nombreux atouts. La diversité des points de vue enrichit la réflexion et stimule la créativité. Les compétences complémentaires – maîtrise des outils numériques pour les plus jeunes, expertise métier et expérience relationnelle pour les plus anciens – rendent les équipes plus polyvalentes et performantes.
Le transfert de savoirs est un autre atout majeur : il permet de préserver et de transmettre des connaissances précieuses. Enfin, la mixité des âges favorise l’ouverture d’esprit et l’apprentissage mutuel, chacun pouvant s’inspirer des parcours et méthodes de l’autre.
Pour tirer parti de cette diversité, quelques bonnes pratiques s’imposent. D’abord, adapter la communication aux préférences de chacun, qu’il s’agisse d’écrit, de visioconférence ou d’appels téléphoniques. Ensuite, rester ouvert et curieux, en acceptant d’apprendre de collègues plus jeunes ou plus âgés.
Encourager les interactions en dehors des cercles habituels permet aussi de briser les préjugés. Les événements d’équipe devraient être pensés pour tous, sans exclure personne en fonction de l’âge. Enfin, éviter les blagues ou remarques sur l’âge contribue à instaurer un climat respectueux et bienveillant.
Comme l’a écrit George Orwell, chaque génération pense être plus intelligente que la précédente et plus sage que la suivante… mais c’est en confrontant nos visions et nos expériences que nous avançons. Dans un monde professionnel en constante évolution, intégrer toutes les générations et lutter contre l’âgisme est non seulement une question de respect, mais aussi un levier de performance collective.


