J'ai deux casquettes. Je suis délégué général de la Fondation EPSA et je suis également le Directeur RSE d’EPSA, un groupe de conseil en efficacité opérationnelle de 1500 collaborateurs. Nous traitons de toutes les activités inhérentes au fonctionnement d'une entreprise (achats, financement, digital..).
Je suis issu d'une famille très bourgeoise, catholique. Je suis le prototype du blanc bourgeois et école de commerce. En fait, j'avais souvent l'habitude de voir sur le bureau de mes parents des prospectus sur la Fondation Raoul-Follereau, Apprentis d'Auteuil, l'Ordre de Malte… Et un jour, après trois ans d'école de commerce, j'ai voulu comprendre ce qui se passait derrière le prospectus et donc je suis allé sur le terrain.
J'ai fait une mission humanitaire de trois mois à Madagascar. Et quand je suis rentré, je me suis dit ouille, on m'apprend à faire du business, mais il me manque un truc et j'ai vu ce que c'était que sur le terrain, il y a des choses qui ne fonctionnent pas. Au même moment, mon grand frère est appelé pour créer la fondation du groupe Casino et je me dis « ah tiens, c'est pas mal ». Et donc, par inspiration, je me dis que je ferais bien un stage de fin d'année de cinquième année dans une fondation d'entreprise….
Je tape “fondation d'entreprise” sur Google parce qu'à l'époque, j'utilisais Google. Et en fait, le premier lien, c'est la liste des fondations entreprises sur Wikipédia et je clique dessus. Et le clic d'après, c'est le premier ordre alphabétique, c'est Accenture, c’est eux je clique dessus, je vais sur le site de la fondation. Il y a une offre d'emploi. Je clique, je postule. Pouf, j'y atterris.
Mon stage de 8 mois débouche en CDI de 8 ans. Avec 2 jobs, d’abord un job de 5 ans au sein de la Fondation, et puis ensuite, la création d’un pôle qu'on a appelé responsible business. Ce pôle était chargé d’incorporer les enjeux RSE dans le métier de consulting. J’ai eu la chance d’être intrapreneur du haut de mon jeune âge !
Et avant l'été 2019, j'ai EPSA qui m'appelle, le fondateur Matthieu Gufflet pour me dire : « ma boite grandit bien, mais il manque quelque chose. Est-ce que c'est du sens ? De l'impact ? des valeurs ? Je ne sais pas, mais venez, on en parle et construisez quelque chose. » Et j’ai rejoint le groupe.
Je reporte directement au Président qui me donne le champ libre. Nous partions de rien !
J’ai donc monté une feuille de route sur le principe de 2x3 ans. Les 3 premières années sont dédiées aux fondations (« Comment fais- tu tes premiers pas et tu deviens une entreprise citoyenne ? Comment la diversité devient un sujet ? » …). Les 3 suivantes sont les années de transformation et d'accélération du modèle opératoire.
Pour cela, nous nous sommes appuyés sur un pilier philanthropique, avec un fonds de dotation et une fondation tournée vers l'insertion professionnelle et au lien enfance / environnement. Cette première étape nous permet d’avoir un impact externe.
Ensuite, le 2e pilier consiste à s’appuyer sur une définition commune de la RSE.
Celle-ci englobe des axes structurants comme une gouvernance, une empreinte sociale, une empreinte environnementale, le rôle du numérique…
Je suis directement rattaché au président, ce qui fait que le circuit décision est très court.
Financièrement, je n'ai pas de budget, mais j’ai un cadre budgétaire qui me permet de faire passer des projets, comme par exemple un projet de bilan carbone.
Je n’ai pas d'équipe, je fais partie d’une des rares fonctions transverses. J’ai actuellement une personne en alternance, qui m’appuie sur la partie communication et sensibilisation. Je peux également m’appuyer sur un duo au sein de chaque métier. J'ai sept métiers, sept verticales et mon duo, ce n’est pas compliqué, c'est ma DRH, plus mon patron Métier (dont la rémunération est indexée en partie sur des objectifs RSE).
D’abord, l'environnement.
Il y a encore peu d'incitations législatives là-dessus, mais c'est ce que révèlent les médias, c'est ce que veut la nouvelle génération…Tout le monde panique sur le sujet, mais la réalité, c'est qu’il y a encore une grosse méconnaissance des entreprises. Mais attention aux effets “buzz”... ces sujets sont très volatiles. Je suis incapable de dire si dans 5 ans, le sujet du moment sera l'environnement ou les réfugiés climatiques.
Le 2ème thème que j’identifie est celui de la gouvernance (Sapin II)
Le 3ème, c’est le dernier, mais c'est dans lequel je crois beaucoup pour résoudre tout ce qui se passe, c'est la préoccupation sociale. Il y a d’ailleurs déjà un début d'incitation législative avec un nombre de personnes handicapées à recruter, un nombre de femmes aux Comex… mais plus largement, nous devons nous interroger sur comment faire en sorte par ta vente de produits, de services, de les rendre plus accessibles à des parties de la population exclues. La cohésion sociale est essentielle.
Gare au greenwashing ! Aujourd’hui, nous vivons une belle période de greenwashing ! Je vois beaucoup de RSE “esthétique” ou un peu palliative...
Il y a une initiative que j'adore, c’est la loi d'expérimentation “Territoire 0 chômeur de longue durée”. Je trouve qu'on retrouve toute l'intelligence d'une innovation sociale.
Nous avons mené une campagne de communication interne très positive afin de sensibiliser de façon décalée les équipes, et complétée par des “Green tips”, des sortes d’astuces écologiques. Nous allons maintenant aller sur le terrain de la formation pour accompagner nos équipes sur certains sujets ciblés (comment accueillir une personne handicapée…), avec des piqûres de rappel régulières.
Alors ce n’est pas une citation, mais c'est l'histoire que je raconte tous les soirs à mes enfants. Mais vous la connaissez, c'est celle du Colibri
C’est le fait que tout le monde doit faire sa part. En fait, le colibri, c’est le plus petit oiseau de la forêt. Et un jour, un feu survient dans la forêt. Alors que tous les animaux partent, le colibri se met à faire des kilomètres entre son nid et le lac pour prendre une simple goutte d’eau dans son bec et éteindre le feu. Il dit à tous les animaux de la forêt de faire comme lui, à proportion de ce qu’ils peuvent faire… Les éléphants, les rhinocéros, les girafes…chacun s’y met. Et en fait collectivement, ils éteignent le feu.