Interview avec Anne-Blandine Dassencourt, Directrice Développement Durable chez SNCF Réseau
👉 Parcours personnel
Je suis actuellement Directrice Développement Durable de SNCF Réseau, le gestionnaire de l'infrastructure ferroviaire en France.
🌎 Chemin professionnel vers la RSE
Convictions chevillées au corps, j'ai commencé par des études d'écologie. Mais je ne voulais pas travailler en laboratoire, en science fondamentale, j'ai donc postulé dans des bureaux d'études techniques. Après une première expérience dans le traitement de l'eau et la gestion des déchets, j'ai complété mon parcours initial universitaire par une année à l'INSA de Lyon. J’y suis allée pour acquérir un socle sur la réglementation environnementale, j’y ai découvert aussi le management de l'environnement, de la qualité et de la sécurité.
Pour valider ce dernier diplôme, je suis entrée à la SNCF en 2002. J’y ai tenu l'un des premiers postes de Responsable environnement et j’y suis restée parce que le groupe SNCF présente des activités et des enjeux divers et variés !
En fait, j'ai appliqué de manière très pratique mes convictions pour l'écologie, l'écologie appliquée au monde de l'entreprise : à ses contraintes financières, techniques, à ses enjeux sociaux également. J’y ai développé ma capacité d'embarquer les salariés et les décideurs.
Puis, j'ai été consultante interne pour d'autres établissements SNCF. Rapidement m’a été confiée la direction du pôle de consultants, avec une volonté de développer l'activité hors SNCF et sur d’autres thèmes que l'environnement.
Ensuite, j'ai intégré une autre filiale privée de la SNCF, Keolis. Où j'ai développé la stratégie de développement durable du groupe Keolis. Je tenais le poste de Directrice Responsabilité Sociétale.
Et il y a deux ans, j'ai saisi l'opportunité d’exercer la même fonction pour une autre entité du groupe : SNCF Réseau. Là, forte de mes expériences antérieures, j’agis dans un milieu qui est différent, avec des enjeux différents !
👀 Organisation et périmètre
Aujourd’hui, nous sommes à un vrai tournant. Nous avons trois types d’interlocuteurs : ceux qui sont contre, ceux qui savent mais ne sont pas spécialement moteurs et ceux qui sont convaincus. Aujourd’hui, je ne croise plus d’interlocuteurs qui sont contre. J’ai le plaisir de travailler pour une entreprise dont le président directeur général, Jean-Pierre Farandou est convaincu et moteur. Typiquement, il a intégré la responsabilité sociétale au cœur de notre projet stratégique d'entreprise Tous SNCF.
En résumé, mon travail est guidé par mes convictions. Je les associe à des compétences techniques qui demeurent importantes. Également, j’accorde une grande place à l’écoute pour comprendre les enjeux de mes interlocuteurs internes et externes afin de construire ensemble le meilleur chemin pour tenir nos engagements.
🧐 Organisation
Pour donner un ordre de grandeur, SNCF Réseau en 2021, c'est 7,6 milliards de chiffre d’affaires et 58 000 salariés. Je travaille avec une équipe rapprochée de 5 collaborateurs et également avec des relais dans différentes directions nationales et régionales.
Je dispose d’un budget de fonctionnement bien sûr, notamment pour couvrir nos besoins d’expertise ponctuels. Je supervise un programme d'investissement, qui intègre par exemple notre programme de résorption des points noirs bruits ferroviaires.
🚀 Défis 2022
Nous avons pris des engagements et défini une trajectoire à horizon 2030.
Par exemple, nous visons plus de mixité. Il y a 15% de femmes dans les effectifs de SNCF Réseau aujourd'hui. Nous avons encore des actions à faire pour attirer les femmes vers des métiers techniques.
🌟 Fiertés et succès
Je pense que SNCF Réseau peut être fier d'avoir trouvé un produit alternatif au glyphosate. Nos homologues, les autres gestionnaires d'infrastructures ferroviaires européens, sont très attentifs à nos retours d’expérience.
😨 Le piège à éviter
Il y en a plusieurs. Il y a le greenwashing d'un côté, c’est à dire ne pas survendre les belles actions. Les réglementations françaises et européennes sont de plus en plus exigeantes, cela cadre les entreprises qui seraient encore tentées !
A contrario, il ne faut pas tomber dans le catastrophisme non plus. Si on fait peur aux gens, on n’arrive pas à les embarquer. Donc oui, il y a une urgence à agir, mais il faut plutôt aller chercher les moteurs de chacun !